Si le commun des mortels attend les vacances avec impatience, une petite partie de la population ressent une boule au ventre lorsqu’approche l’heure de boucler ses valises. Qui sont ces malheureux ? Nos dirigeants politiques !

Observés de toute part, nos responsables politiques savent par avance que la manière dont ils passeront leur temps libre sera critiquée.  Certains voudront s’éloigner des tourments de la vie publique pour se ressourcer en famille. Même une actualité tragique ne les fera pas bouger de leur transat. Dans ce cas, ils s’exposeront à un procès en dilettantisme ou en légèreté. Mais s’ils s’expriment sur un sujet particulier, ils seront vilipendés pour faire de la récupération sans répit.

En France, un représentant du peuple voit souvent son train de vie scruté par les citoyens. Gare à celui dont le quotidien estival est jugé trop fastueux, a fortiori s’il est de gauche. L’an dernier, l’Insoumis Éric Coquerel, dont la grande passion est la voile, a été cloué au pilori pour avoir passé une partie du mois d’août sur son bateau. Inversement l’option "bonne franquette" n’est pas toujours la meilleure des solutions. Le communiste Fabien Roussel, habitué fidèle d’un camping en Corse, va être accusé de "jouer un rôle" même s’il fréquente le lieu depuis des années. Et s’il boit des bières d’un trait autour d’un barbecue, il subira un procès en "masculinité toxique" et non-respect de l’environnement.

L’aspect écologique est désormais étudié à la loupe. Attention à ne pas manger trop de viande, à ne pas prendre l’avion et à éviter les loisirs polluants. Emmanuel Macron s’est fait attraper l’an dernier en jetski et fut contraint de se justifier. Les responsables politiques issus de l'immigration désireux de visiter le pays de leurs aïeuls doivent eux aussi faire preuve de prudence. Des esprits tordus remettront en cause leur patriotisme.

Lieu de villégiature, moyens de transport, présence médiatique, bilan carbone, loisirs...Tout sera passé au crible et la méfiance sera de rigueur pour éviter les attaques d’éternels râleurs. De quoi relativiser vos craintes d’embouteillages, de plages bondées ou d’enfants qui hurlent, non ?

Lucas Jakubowicz