Plus qu’un certain niveau de développement, les États de la zone euro partagent un endettement certain
Quelques semaines avant d’hériter du Fonds monétaire international, Christine Lagarde se félicitait des estimations de croissance réalisées par l’institution à l’endroit de l’économie française. 2 %, voilà la progression attendue pour les exercices 2011 et 2012, soit une augmentation du produit intérieur brut d’environ 36 milliards d’euros.

Si le chiffre paraît flatteur pour les finances de la nation, gare aux pertes de perspectives : le service de la dette, en d’autres termes le montant consacré au paiement des seuls intérêts des emprunts souscrits par la France, représentait près de 47 milliards d’euros en 2009. Un montant qui illustre à lui seul le chemin à parcourir pour extraire la France de l’état de déficit structurel dans lequel des années de crises et d’inconséquence budgétaire l’ont placée.

Au temps des pompiers pyromanes

La situation empire une fois replacée dans son contexte géographique. Prise au piège d’une zone euro condamnée à supporter des États en situation de quasi-faillite, la France joue les équilibristes, oscillant entre l’injection de nouvelles liquidités et l’aggravation de l’exposition des opérateurs privés à ce qu’il convient désormais d’appeler le « risque grec ».
Difficile dans ce contexte d’entrevoir un chemin vertueux menant au désendettement (la cause) et à la croissance (la conséquence). Pour l’heure, les dirigeants de la zone euro s’improvisent pompiers pyromanes, en assurant le remboursement des dettes arrivées à échéance par le recours à de nouveaux emprunts financièrement insoutenables, le rendement du coupon grec à dix ans dépassant aujourd’hui les 16 % !

Ce mécanisme, qui consiste à rémunérer l’investissement de son créancier – en l’occurrence une banque ou un État – au moyen des sommes perçues par les nouveaux entrants, porte un nom : la pyramide de Ponzi. Aussi simple qu’efficace – à une faillite systémique près - ce schéma financier a récemment valu une peine d’emprisonnement de 150 ans à un certain Bernard Madoff…

Risques et opportunités

Devant l’ampleur du chantier, la réduction des déficits publics – bien plus que l’augmentation des recettes – apparaît comme un objectif primordial pour ces États qui, au-delà d’un certain niveau de développement, partagent un taux d’endettement certain.

Dans ce contexte, les échéances présidentielles de 2012 constituent autant un risque qu’une opportunité. Le risque d’assister, comme il est de coutume en France, à des échanges consistant à se renvoyer l’intégralité de la faute. Mais aussi l’opportunité pour les prétendants à la magistrature suprême de se réunir devant la gravité de la situation pour mieux l’ériger au rang de priorité nationale. Car nul camp ne peut aujourd’hui prétendre à l’exclusivité de l’intelligence ; et c’est de l’intelligence de tous dont la France a désormais besoin.

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