Intransigeant sur la laïcité et l’universalisme, le parti radical de gauche tente de préserver sa ligne au sein des partis de gauche. Selon son président, Guillaume Lacroix, c’est le seul moyen pour son bord politique de revenir aux affaires.

Décideurs. Le PRG est un pilier de la gauche plurielle. Pourtant, il est peu connu du grand public. Comment le définiriez-vous ?

Guillaume Lacroix. Héritier du parti radical qui existe depuis la IIIe République, le PRG incarne fièrement une gauche de la raison et de l’émancipation. Nous attachons une grande importance à la laïcité et à l’universalisme républicain. Le parti possède une forte implantation locale, notamment dans les territoires ruraux et les zones de montagne. Il se repose sur deux cents maires, une centaine de conseillers généraux, trois députés et quatre sénateurs. Par ailleurs, nous assurons la présidence de deux départements : le Tarn-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées. Cette implantation dans les territoires nous permet d’incarner le réel, les enjeux du quotidien.

La gauche n’a jamais été si faible. Quelle en est la raison selon vous ?

J’ai le sentiment qu’elle ne souhaite pas affronter avec réalisme des sujets qui préoccupent bon nombre de nos concitoyens tels que l’insécurité ou l’immigration, ce qui la conduit à abandonner le terrain à d’autres. Par ailleurs, l’approche intersectionnelle fait courir un danger à la gauche et à la République. Elle consiste à penser qu’il existe des déterminismes religieux ou ethniques, ce qui revient à figer les citoyens dans des cases et à monter les gens les uns contre les autres. Ce qui me semble être à l’opposé des valeurs de gauche. Par exemple, le PRG n’a pas apprécié de voir des élus de la République manifester en 2019 contre une islamophobie d’État ou un racisme structurel.

"Le PRG n'a pas vocation à être la caution laicité d'un candidat"

Le Figaro a révélé des échanges entre le PRG et EELV. Cela peut surprendre puisque, sur le papier, vos conceptions de la République semblent diverger sur plusieurs points. Qu’en est-il ?

Le dialogue a commencé en mars 2021 au moment de l’affaire de la subvention à la mosquée de Strasbourg qui a nourri des accusations en communautarisme ou en naïveté. À l’échelle de la politique française, EELV est une formation jeune, construite essentiellement sur les questions écologiques. Les notions liées à l’universalisme ou à la conception de la République ont longtemps constitué un angle mort. J’ai l’impression que le parti travaille sur le sujet et évolue dans le bon sens. Ce n’est pas mon rôle de décerner un brevet de républicanisme. Mais je suis rassuré de voir que, dans les échanges écrits que vous mentionnez, le secrétaire national du parti, Julien Bayou, considère que la laïcité est "un pilier qui permet l’organisation de notre vie en société". De même, il est appréciable que la loi de 1905 soit considérée comme un "joyau" à "appliquer pleinement" et "à protéger".

Le PRG serait-il prêt à soutenir la candidature de Yannick Jadot ?

Le PRG n’a pas vocation à être la caution laïcité ou le petit plus d’un candidat. Notre objectif est surtout de constituer une plateforme de gouvernement avec les différentes forces de gauche. En revanche, si notre parti nourrit de bonnes relations personnelles avec l’aile gauche de la majorité, nous ne lorgnons vers elle en aucune manière puisqu’elle nous semble trop ancrée à droite.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

 

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