Le vaisseau-amiral de la gauche macroniste, Territoires de Progrès, se scinde en deux. Un nouveau parti, Demains, fait son apparition sur ce bord politique qui ne manque pourtant pas de crémeries...

Un sacré foutoir. Voici comment définir de manière un peu imagée mais ô combien réelle l'aile gauche de la Macronie. Pour les fans de guerres picrocholines, la situation est un régal. Les amateurs d’efficacité politique, pour leur part, doivent voir les choses différemment.

Trop de partis sur le marché

Résumons, le scénario. Les macronistes de gauche sont éparpillés en plusieurs microstructures idéologiquement similaires. Le vaisseau-amiral, Territoires de Progrès (Tdp), lancé en janvier 2020, regroupe plusieurs ministres de l’actuel gouvernement tels qu’Olivier Dussopt, Agnès Pannier-Runacher ou encore Clément Beaune, longtemps proche avant de prendre quelques distances. Son manifeste appelle à "la reconstitution d’une gauche de gouvernement fermement républicaine, résolument sociale et écologiste, porteuse d’un réformisme humain, respectueux de toutes et de tous".

Mais il n’est pas seul sur le marché. Depuis avril 2022, TdP est concurrencé par la Fédération progressiste initiée par François Rebsamen et quelques anciens membres plus mineurs des gouvernements des années Hollande tels que Juliette Méadel et Thierry Repentin. Comme TdP, le mouvement promet de "porter un projet social, républicain, écologique et européen", tout en soutenant Emmanuel Macron. Quelles différences avec TdP ? Mystère…

À cela s’ajoutent Refondation républicaine de Jean-Pierre Chevènement et En Commun de Barbara Pompili, autres petites organisations de gauche macron-compatibles. Pour rajouter un peu plus de complication, des socialistes anti-Nupes pourraient tout à fait trouver des points de convergence avec la Macronie et se lancer dans la constitution d’un nouveau parti. Bref, l’offre est pléthorique. Mais elle s’allonge encore...

Territoires de Progrès, Fédération progressiste, En Commun, Refondation républicaine, Demains... L'offre est pléthorique !

Et hop, encore une scission !

Le 19 octobre dans la soirée, d’anciens membres de TdP vont lancer un nouveau mouvement baptisé Demains. Sur le plan des idées, rien de bien nouveau. Les frondeurs proposent de "participer à la refondation d’une gauche républicaine, progressiste, humaniste, européenne, visant à promouvoir une société solidaire dans une économie de marché".

Selon un militant TdP qui n’a pas l’intention de suivre les frondeurs, "ces derniers sont mécontents car le parti ne pèse pas, n’a pas obtenu de groupe parlementaire, de financements, n’a pas de leader fort à l’inverse de la droite macroniste qui se structure autour d’Horizons et d’Édouard Philippe". Le manifeste de Demains indique d’ailleurs que la gauche macroniste "ne dispose ni d’un espace d’expression politique indépendante, ni de moyens d’action autonomes, techniques et financiers. C’est là aussi une situation paradoxale si on la compare à celle du centre-droit et si l’on se souvient de la part non négligeable de l’électorat issue de la gauche qui a conduit Emmanuel Macron au pouvoir en 2017".

La solution pour changer la donne ? S’éparpiller davantage avec un énième parti qui prévoit déjà un Congrès, un Conseil politique, un Comité directeur, des implantations départementales… Le Congrès de TdP prévu les 26 et 27 novembre risque d’être tendu.

Lucas Jakubowicz

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