C’est un paradoxe. LR n’a jamais eu un électorat à la moyenne d’âge aussi élevée tout en donnant leur chance à de jeunes députés dynamiques.

Christelle d’Intorni, LR fait de la résistance

Intorni

Qui aurait pu l’imaginer il y a vingt ans ? Il est devenu électoralement périlleux d’être de droite sur la Côte d’Azur. Naguère ultradominants, les héritiers du gaullisme sont en pleine débâcle. Coincé entre un RN de plus en plus fort et un macronisme qui séduit de nombreux notables LR, leur contingent de députés fond comme neige au soleil. De 22 en 2012, ils ne sont plus que 5. Tous ont pour point commun d’être solidement implantés et âgés. À 37 ans, Christelle d’Intorni fait figure d’exception. Cette avocate proche d’Éric Ciotti a conquis la cinquième circonscription des Alpes-Maritimes qui comprend l’arrière-pays niçois et une partie de la ville elle-même. La "guerre des droites" fut rude entre Marine Brenier, représentante du maître des lieux Christian Estrosi depuis 1997, et Christelle d’Intorni. Loyale à LR, cette dernière l’emporte avec 57 % des voix. Depuis son accès au Palais-Bourbon, elle fortifie ses positions et épouse une ligne que l’on peut résumer ainsi : "à droite toute". Elle a notamment rédigé des propositions de loi contre les consommateurs de cannabis, les parents de mineurs récidivistes ou les dealers.

Julien Dive, la nouvelle droite

DIve

Si l’on examine en détail la carte des députés LR, force est de constater que le parti de droite a été bouté hors des grandes villes et des zones littorales au profit de Renaissance. Son salut réside dans les zones rurales touchées de plein fouet par la mondialisation. Une nouvelle sociologie incarnée par Julien Dive, élu dans la seconde circonscription de l’Aisne, celle de Xavier Bertrand. Loin des beaux quartiers, il se veut le chantre de la ruralité et de la France des plus modestes. Ce qui l’a poussé à s’opposer à la réforme des retraites, mais aussi à présider la mission parlementaire sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. L’occasion pour lui de défendre les intérêts de la filière betteravière qui occupe une place centrale dans l’économie de son département. Lors de la nouvelle législature, il s’est présenté sans succès face à Olivier Marleix pour présider le groupe. Une façon de prendre date.

Victor Habert-Dassault, poursuivre la tradition

30 ans, le député de la première circonscription de l’Oise est loin d’être médiatique. Il occupe pourtant une place particulière sur la scène politique. À l’heure du "nouveau monde", Victor Habert-Dassault incarne une réminiscence de l’ancien puisqu’il assure la continuité de la lignée Dassault. Sa mère est la fille de Serge Dassault, son oncle Olivier a été député du département entre 1988 et 2021, année de son décès (hormis une parenthèse pendant la cohabitation Chirac-Jospin). De 1957 à 1986, le patriarche Marcel Dassault y a également été député. En 2021, le parachutage du jeune avocat parisien de 28 ans qui ne connaissait pas l’Oise a été à l’origine de bien des quolibets. Mais la "marque Dassault" y est si forte qu’il a été élu facilement. Depuis, il ne cesse de clamer son attachement à cette terre d’adoption et ses 153 communes diverses où Marine Le Pen réalise de très bons scores aux élections présidentielles. Au sein de LR, Victor Habert-Dassault creuse peu à peu son trou puisqu’il fait partie de la pléthorique armée des vice-présidents du parti.

Aurélien Pradié, l’inclassable

Pradié

En 2014, à 28 ans seulement, Aurélien Pradié est élu maire de la commune de Labastide-Murat qui porte le nom d’un ancien maréchal napoléonien, fils d’aubergiste devenu roi de Naples et beaufrère de l’Empereur. Cette ascension marquée par l’audace serait-elle un modèle pour Aurélien Pradié ? Peu diplômé, il est élu en 2017 député du Lot, département historiquement à gauche. Parti de rien, il cherche à peser chez LR avec une ligne marquante : se centrer sur les questions sociales telles que le droit à l’alimentation, le handicap ou les violences familiales, tout en mettant en sourdine les questions liées à l’immigration ou à l’islam. De quoi "bétonner "sa circonscription selon ses détracteurs. De quoi peser dans le parti, estiment les autres qui notent son "agitation" pour reprendre un terme de Jacques Chirac dont il est un fervent admirateur. Pourfendeur du macronisme, il trace son sillon et crée son courant, aidé par quelques fidèles comme Pierre-Henri Dumont, élu dans le Pas-de-Calais. En 2022, il se lance dans la course à la présidence du parti et crée la surprise avec 22 %. Devenu vice-président en janvier 2023, il est rapidement exclu pour avoir annoncé qu’il ne voterait pas la réforme des retraites, entraînant des collègues dans sa roue. Encore une fois demeure la fameuse question : souhaite-t-il faire parler de lui ou est-il visionnaire ? Réponse dans les années qui viennent.

Raphael Schellenberger, l’énergique

Schellenberger

François Hollande, Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg, Jean-Marc Jancovici, de hauts dirigeants de EDF… Durant six mois la Commission d’enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France" a auditionné près de 90 personnalités pour connaître les raisons de l’échec de la politique énergétique du pays et esquisser des pistes pour y remédier. Les conclusions ont été présentées en avril. Un travail sensible et technique voulu par LR qui a "donné les clés" à Raphaël Schellenberger. Député de la circonscription où se situe Fessenheim, celui qui a été élu à 24 ans maire de la commune de Wattwiller s’est attiré les louanges de la classe politique et des spécialistes par sa force de travail et sa maîtrise des dossiers. Une consécration qui devrait permettre au Haut-rhinois de gagner ses galons de futur incontournable du parti. Il s’était déjà fait remarquer en 2017 en l’emportant de peu face à une candidate LREM qui partait pourtant favorite.

Alexandre Vincendet, le conciliant

Vincendet

Alexandre Vincendet peut se targuer d’un exploit lors des dernières législatives. Alors que son parti est en retrait partout y compris sur ses terres de toujours, il réussit une "mission impossible" : faire basculer à droite la septième circonscription du Rhône historiquement socialiste puisqu’elle fut représentée notamment par Charles Hernu, ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, ou Jean-Jack Queyranne, ancien président de région. En 2014, il était déjà parvenu à conquérir la mairie de Rillieux-la-Pape au PS. Autant dire que son parcours le rend attractif sur le marché politique ! Au quotidien, l’élu de 39 ans est choyé par la Macronie. Celui qui a reçu le soutien d’Édouard Philippe et de Gérald Darmanin durant sa campagne législative est prêt à se montrer reconnaissant. Il fait partie des rares élus LR ouverts à un pacte de gouvernement avec la majorité. Il est d’ailleurs très proche de Jean-François Copé qui a définitivement franchi le Rubicon.

Lucas Jakubowicz

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