Depuis 2007, Emmaüs Défi propose aux personnes en grande précarité de retrouver de la dignité grâce au travail. Les entreprises peuvent soutenir l’association grâce à des dons mais également à travers le mécénat de compétences. Éclairage avec Hugo Lepee, responsable partenariats et développement chez Emmaüs Défi. 

Décideurs. Comment les entreprises peuvent-elles assister Emmaüs Défi ?

Hugo Lepee. Nous accompagnons sur le plan professionnel, social et de la santé des personnes en situation de grande précarité afin qu’elles retrouvent de la dignité. Celles-ci peuvent bénéficier de différents projets. L’un d’eux propose un retour progressif à l’emploi, d’autres prennent la forme de chantiers d’insertion, dans des domaines comme le textile ou le mobilier. Nous pouvons également contribuer à équiper à bas prix un premier logement grâce à des dons de matériel. Les entreprises participent de différentes façons, notamment avec le mécénat financier pour faire vivre nos projets et en créer de nouveaux. Mais si l’on parle souvent des besoins pécuniaires des associations, il existe d’autres modes d’engagement comme le mécénat de compétences. Les entreprises ont la possibilité de proposer des périodes d’immersion chez elles ou des formations à destination de nos salariés permanents ou en insertion afin de leur permettre d’approfondir leurs expertises. Elles sont également en mesure de recruter des salariés en insertion.

Comment le mécénat de compétences fonctionne-t-il ?

Le mécénat de compétences peut prendre différentes formes, comme la prestation de services. Dans ce cadre, l’entreprise s’engage à remplir une mission pour prêter main-forte à l’association. Le prêt de main-d’œuvre est une autre possibilité. L’entreprise met à disposition un salarié dont nous allons gérer les missions qui vont de quelques heures à quelques jours, voire plusieurs années. Par exemple, certains salariés en fin de carrière peuvent nous aider un ou deux jours par semaine et ainsi bénéficier d’une période de transition vers la retraite. Nous travaillons actuellement avec un collaborateur d’Orange et un autre de la Société générale qui conseillent chez nous des gens plus jeunes. Autre moyen : la mise en place de collectes de matériel neuf ou d’occasion au sein des entreprises, pour Noël ou la rentrée par exemple.

Les salariés sont-ils attendus sur des expertises en particulier ?

Cela dépend du cadre dans lequel ils opèrent. S’ils font du volontariat, les collaborateurs des entreprises viennent nous épauler sur des activités qui ne correspondent pas forcément à leurs compétences. Ils peuvent effectuer des actions de tri ou nous aider sur l’aspect logistique des collectes. Il ne s’agit pas de bénévolat car ces contributeurs sont rémunérés par leur entreprise mais cela reste une forme d’engagement. De l’autre côté, il y a les missions. Par exemple, Accenture nous accompagne dans le lancement et le déploiement de Salesforce. D’autres personnes dispensent des formations en gestion de conflits, merchandising, logistique ou nous prodiguent des conseils sur la gestion des travaux puisque nous travaillons dans une ancienne halle qui nécessite des rénovations. Pour que le mécénat de compétences fonctionne, il faut que l’entreprise donne les moyens à ses collaborateurs afin que l’expérience soit épanouissante. Je pense au temps qui leur est octroyé pour effectuer leur mission mais aussi à la possibilité pour eux de faire appel à leurs collègues si besoin.

Quels sont les intérêts pour les entreprises?

 Il y a bien sûr une déduction fiscale de 60 % sur le salaire chargé lorsque les collaborateurs réalisent du mécénat de compétences. Mais le plus important reste l’aspect relationnel. Les collaborateurs qui viennent chez nous montent en compétences car ils évoluent dans un autre univers. Cela permet aussi aux entreprises de mieux recruter car elles cultivent des valeurs qui sont chères aux yeux des candidats, notamment des jeunes qui regardent de près les politiques RSE. Les salariés peuvent aligner leurs valeurs avec celles de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. L’idéal est que nous puissions créer un lien pérenne avec l’entreprise pour que tout le monde y gagne.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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