La moitié des entreprises familiales devront être transmises au cours des dix prochaines années. Pourtant, selon une étude dévoilée ce 20 septembre par Bpifrance, les patrons semblent encore sous-estimer la préparation du passage de flambeau.

 Le pacte Dutreil, qui permet sous certaines conditions de bénéficier d’exonérations dans le cadre de la transmission d’une entreprise familiale, fête cette année ses 20 ans. C’est pourquoi le 20 septembre, son instigateur, Renaud Dutreil, était invité chez Bpifrance pour commenter une étude sur la transmission des entreprises familiales. Un sujet au cœur de l’activité de la banque publique puisque celle-ci finance et accompagne ces projets qui participent au bon fonctionnement de l’économie française.

Les baby-boomers en fin de carrière

Cette étude intervient à un moment clé puisque la moitié des entreprises familiales devront être transmises dans les dix prochaines années. En effet, un dirigeant sur dix a plus de 65 ans. "Le tissu économique vit une fin de cycle démographique, marquée par l’arrivée des baby-boomers au terme de leur carrière", précise l’étude. Si les dirigeants de sociétés de cette nature portent une vision sur le long terme, ils semblent encore sous-estimer la nécessiter de préparer l’après : plus d’un tiers des dirigeants de plus de 70 ans n’ont toujours pas formalisé de plan de succession. La moitié de ceux de 60 à 69 ans et les trois quarts de ceux de 50 à 59 ans n’ont également pas avancé.

Toutefois, 65 % des patrons souhaiteraient transmettre l’œuvre de leur vie à un membre de leur famille et l’indépendance financière de leur structure s’impose comme leur priorité numéro 1, devant l’accélération de la croissance. Or, seules 14 % des entreprises sont dotées d’une charte familiale et 18 % d’un conseil de famille. "Organiser la gouvernance familiale est pourtant crucial pour aligner les objectifs de l’entreprise et préserver la dynamique entrepreneuriale de la famille", précise l’étude. Certaines entreprises sont également transmises à leurs salariés. D’où une demande accrue de leur part de bénéficier d’un accompagnement par Bpifrance afin de réussir à transformer l’essai.

Plus de femmes et de jeunes

Malgré les manques parfois cruels d’anticipation sur la question successorale, les entreprises familiales ne sont pas en retard sur tous les sujets. Notamment celui de la parité. Si seulement 14 % de ces organisations sont dirigées par des femmes, c’est 6 points de plus que pour les autres entreprises. "Baigner dans une culture entrepreneuriale révèle les vocations et ouvre des voies d’accès privilégiées à la fonction de cheffe d’entreprise", commente l’étude. Les dirigeants s’avèrent également en moyenne plus jeunes.

Lors de la présentation, Renaud Dutreil a insisté sur la nécessité de réussir à transmettre une culture entrepreneuriale. Bpifrance, qui avait alerté dès 2015 à l’occasion d’une étude sur la nécessité de préparer les successions au sein des entreprises familiales, continue de prendre son bâton de pèlerin pour convaincre davantage de chefs d’entreprise. Et la banque publique n’a pas à rougir de ses résultats Au premier semestre 2023, Bpifrance était l’investisseur le plus actif en private equity à l’échelle mondiale.

Olivia Vignaud

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